"Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un qui le connaît, car tu ne pourrais pas t’égarer." Rabbi Nahman de Braslav
Le premier élément déclencheur était sans doute l’émerveillement d’un adolescent, lorsqu’il développait ses photos argentiques. Les images prenaient progressivement forme sous un faible éclairage rouge puis disparaissaient pour resurgir sous une tonalité sépia. Il fallait supporter l’odeur du sulfure comme contrepartie de cette petite magie. L’argentique a été remplacé par le numérique et la magie opérait à travers des logiciels de plus en plus performants. Des créations différentes, mais toujours aussi passionnantes.
Le geste de tremper les papiers photo dans des bains, le fait de respecter les concentrations, températures et durées, n’étaient plus là. Par la lumière, capter une réalité et la transformer en une impression figée dans le temps, à la fin devenue intemporelle, restait un but. La chimie comme prochaine étape était une conséquence logique.D’autres énergies se sont greffées à la lumière pour compléter ces fréquences naturelles qui nous entourent et qui ne sont pas perceptibles de premier abord: la géobiologie, l’impact du visuel sur notre perception et état de conscience, la symbolique des chiffres et des géométries sacrées. Le travail sur soi est devenu une transmutation des énergies dans une recherche de pureté de la lumière, de la transparence. Découvrir des choses cachées par un labeur personnel.
La porte vers un éveil spirituel a été ouverte, montrant le maillon manquant vers l’alchimie. La sortie de la matrice nécessitant une volonté et une persévérance. J’ai choisi la symbolique de la lettre hébraïque zayin, évoquant par sa puissance et son discernement le chemin de persévérance. Elle symbolise le combat intérieur, le choc des oppositions; elle force à s’assumer, à se prendre en charge. Une tension constante entre l’homme et ses valeurs. Autant de valeurs nécessaires pour tenir le cap et marcher droit sur son chemin de vie …
"Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité." Karl Gustav Jung
Le présent est le passé du futur. Fixer les pensées vers le passé ou le futur nous éloigne des moments précieux du présent. Trouver l’équilibre entre l’âme, l’esprit et le corps revient sous le regard alchimique à travailler sur le soufre, le mercure et le sel, la lumière et la matière. Permettre aux émotions de se libérer et laisser la lumière percer l’obstacle. Une seule allumette suffit pour faire disparaître l’obscurité.
Nous faisons partie de cette Terre et sommes sensibles à sa vibration, bien qu’elle ne soit pas directement perceptible. Réussir à sentir cette vibration et se mettre en résonance avec elle procure un ressenti qui nous maintient en équilibre et favorise notre bonne santé physique et psychique.
S’assoir au bord de la mer, sur une falaise face au vent, se laisser fouetter le visage avec un mélange d’air, d’eau et de sel, on retrouve les trois principes alchimiques. Fermer les yeux et s’abandonner à toute pensée en se concentrant uniquement sur son souffle, conduit à un ressenti de l’unité, si naturelle, mais aussi si souvent rejeté. La division et la ségrégation, si elles sont traitées avec bienveillance, devraient se rassembler pour former cette unité. Tout ce qui est en haut est aussi en bas et tout ce qui est en bas est aussi en haut.
"Quand un homme marche vers son destin, il est bien souvent forcé de changer de direction" Paulo Coelho - La Cinquième Montagne
Il y a des moments où l’on a envie de partir, juste un moment, pour faire le vide et créer de la place pour quelque chose d’autre. Le sac sur le dos, en chaussures de marche, appuyé sur son bâton, le pèlerin avance vite. Il scrute l’horizon, avançant au rythme de ses pas cadencés par le claquement régulier de son bâton : « Ta-ta-tataa ». Au fil de la marche, les pensées s’estompent, laissant la tête vide. La nature a l’horreur du vide. Bientôt, ce vide se remplit des sentiments captés par tous les sens: des couleurs des champs, des parfums des fleurs, des gazouillis d’oiseaux et du murmure de la brise dans les arbres. Une paix s’installe. Un ressenti de bien-être remplit le corps, accentuant l’envie d’avancer.
Marcher pendant plusieurs jours, que ce soit sur le chemin de l’introspection ou du pèlerinage, cela se produit tous les jours. En levant le pied, en m’appuyant sur mon bâton, je laisse les cinq sens capter toute cette beauté. Je respire profondément l’air matinal, attendant impatiemment que le coucou émette sa mélodie caractéristique, tout comme il l’a fait chaque jour jusqu’à présent. Les rayons de soleil percent le rideau des branches des arbres et se reflètent sur les flaques d’eau sur le chemin. La nature et moi, la dualité se fonde dans l’unité.
Pour faire une pause, je m’arrête et enlève mes chaussures. Je pose mes pieds par terre et savoure le toucher de l’herbe douce et fraîche. Je fais quelques pas vers le lit d’un ruisseau. Je m’enfonce dans le sable mouillé et m’arrête lorsque l’eau ruisselle sur mes chevilles. Cette sensation de froid me fait oublier les kilomètres parcourus depuis le matin. Je me délecte de ces moments paisibles.
"Le bonheur se donne à celui qui a vaincu sa peur de vivre et qui considère sa vie comme une étincelle sacrée, dans la continuité des âges." Précepte de vie tibétain