Depuis Le Puy-en-Velay jusqu’à Pampelune, en traversant une distance d’environ 800 km, c’était la première moitié que je me suis fixé de la via Podiensis. En traversant successivement la granitique Margeride, le plateau de l'Aubrac s’étalant jusqu’à une altitude de 1300 m, l’Aveyron et ses grandes perspectives, la vallée du Lot, le Quercy calcaire, le Gers avec sa gastronomie, jusqu’au Pays basque et les Pyrénées, puis la descente sur l’Espagne, dans la région de Navarre. La diversité des paysages, les églises et chapelles, témoins centenaires des pèlerinages de nos ancêtres, s’empreignaient en moi tout le long du Chemin, avec lequel j’ai fini par fusionner.
C’est la partie entre Le Puy-en-Velay et Conques, à travers le plateau d’Aubrac qui m’a le plus impressionné.
Sur le Chemin
Je passais à travers les forêts, les champs, les vignes ou les plaines, accompagné par les symphonies des chants d’oiseaux, j’attendais chaque matin qu’un coucou donne le départ de la journée. La pluie, inhabituellement présente cette année, rendait le terrain gorgé d’eau, souvent glissant et difficile à passer. J’ai eu l’impression de marcher sur des éponges.
Des pas sur un pont
Partant le matin de bonne heure, les pensées devenaient de plus en plus espacées, pour laisser la place au vide, à des ressentis de symbiose avec le paysage. Quelques mots échangés avec d’autres pèlerins croisés sur le chemin, les cœurs s’ouvraient à des partages. Marcher, ressentir des choses indicibles, être juste là, à la bonne place. Parfois, je m’insurgeais de la météo pluvieuse, des chemins boueux glissants, mais au fond, toutes ces émotions aboutissaient vers un regard positif.
Le soir, le corps fatigué, les pieds douloureux, je m’allongeais sur le lit pour une nuit sans rêve. Des endroits chargés d’une énergie particulière, tels une chapelle transformée en gîte ou des dortoirs adossés à des églises, ajoutaient une énergie bienveillante au repos. Cependant, ce lien ne s’arrêtait pas au dernier jour de ma marche, mais continuait des jours sous forme de rêves. Une belle expérience de vie.
C'est par là ...
33 jours sur le Chemin. Le temps passait vite et même si au petit matin je refaisais mon sac pour me mettre en marche de manière répétitive, chaque jour était différent, influencé par des lieux de passage. L’esprit du Chemin a changé à la frontière espagnole. À partir de Saint-Jean-Pieds-de-port je rencontrais davantage de nationalités différentes, le français passait souvent à l’anglais. Mais c’est aussi cela, le Chemin de Compostelle. À suivre pour le reste. Buon Camino !