En cette fin du mois de mars, les sommets de montagnes chez moi sont encore couverts de neige. C'est le départ, direction sud.
Je retrouve Pamplona deux mois en avance sur le calendrier par rapport à la date où je me suis arrêté en 2024 sur mon chemin depuis Le Puy-en-Velay. Nous sommes le 26 mars et l’auberge de l’année passée n’est pas encore ouverte. C’est donc à l’auberge ecclésiastique « Jesus y María » que j’ai trouvé mon hébergement. La ville garde encore son aspect hivernal.
Je commence la deuxième moitié de mon Camino. En quittant la ville, le jour commence à se lever. Quelques cafés sont déjà ouverts, lumineux dans la pénombre de la ville qui se réveille. Je commence à prendre l’habitude qu’en Espagne, on mange tard. Pour le petit déjeuner, hormis le café au lait omniprésent et les jus d’orange pressés, on trouve habituellement deux choses: croissant géant et Napolitana, une sorte de pain au chocolat. Avec un peu de chance, on peut avoir Tortilla Española (omelette espagnole avec des pommes de terre et œufs) ou Pan con tomate (pain blanc grillé avec huile d’olive et tomates écrasées). Pour le repas midi, pas avant 13h.
La montée à l’Alto del Perdón (735 m au col)
Les silhouettes emblématiques des pèlerins des anciens temps sur le col d’Alto del Perdón, le lieu où se croisent les chemins du vent et celui des étoiles.
Depuis le col de la Sierra del Perdón, une vue sur la descente dans le "Valdizarbe”, cette volée qui marque la limite entre un climat plus humide sous l’influence des Pyrénées, et un climat méditerranéen sec. Cette volée a été aussi une zone frontière clé dans les affrontements entre chrétiens et Arabes.
À l’écart d’Obanos, au milieu des champs, le monastère de forme octogonale Notre-Dame de Eunate, ressort derrière des arbres, entouré d’une double enceinte, frappe par la pureté de son style romain. L’édifice est malheureusement fermé. Ici, on rejoint le Camino venant d’Arles.
L’église Santa Maria de Hortis (Sainte-Marie-des-Jardins) de Puente la Reina
Le pont romain sur la rivière Arga, Puente la Reina
L’église Santa Maria de Hortis (Sainte-Marie-des-Jardins) de Puente la Reina
Le pont romain, Puente la Reina
Le chemin à la sortie de Puente la Reina
Le village de Cirauqui (qui signifie “nid de serpents”)
La voie romaine à la sortie de Cirauqui, un pont roman
À l’approche de Cirauqui, perché sur une colline et baigné dans le soleil
Le chemin et le pont romain à la sortie de Cirauqui
Le pont à la sortie de Cirauqui, puente de Dorrondoa sur la rivière Salado (“salée”)
L'ermitage de San Miguel à la sortie de Villatuerta, adossé à un verger d’oliviers
Construit à la fin du Xe siècle, il faisait partie d’un ancien monastère bénédictin, maintenant disparu.
Estella, avec l'église San Pedro
Irache, la fontaine de vin qui offre depuis plusieurs siècles le vin gratuitement aux pèlerins, cependant, avec cette devise: “Pèlerin, si tu veux arriver à Santiago avec force et vitalité, de ce grand vin, bois un coup et trinque à la félicité”
Entre Irache et Azqueta, avec, sur la colline, la ruine du château de San Esteban de Deyo de Monjardin
Le regard en arrière en quittant Azqueta
À l’auberge La Perla Negra à Azqueta, j’ai appris l’histoire du couple qui gère cette auberge et le bar tout proche. Rene, un hollandais, sur son Camino il y a deux ans, est tombé amoureux de Helena, assise devant son auberge. Lorsqu’il a terminé le Camino, il a pris le bus et est retourné à Azqueta. Il a épousé Helena et a rouvert le bar du village. Une jolie histoire d’amour du Camino.
En quittant l’auberge, Helena a sonné la clochette pour marquer mon départ de pèlerin - la sonnerie émouvante me réconfortant dans la peau du pèlerin.
Fuente de los Moros au milieu des vignes, datant du XIIIe siècle, située près de l’entrée du village Villamayor de Monjardin
Le chemin avant Los Arcos
Torreznos - une spécialité à partir de la poitrine de porc, gras, croustillant et bon !
Un maréchal-ferrant dans le village de Los Arcos
Los Arcos, l'église de Santa María
Los Arcos, survolé par des cigognes, bien présentes dans cette partie de l’Espagne
Les pieds de vigne, comme des bras torturés élevés vers le ciel qui s’ouvrent pour capter la lumière du soleil du jour et celle de la lune de nuit.
Un orvet, une rencontre sur le chemin
Logroño, l’église Santiago Le Real adossée à l’auberge paroissiale
Logroño, la fontaine Fuente de los Peregrinos baroque
À Logroño, on change de région: de la Navarre, on entre dans la Rioja
Logroño, l’église Santiago Le Real adossée à l’auberge paroissiale
Logroño, la fontaine Fuente de los Peregrinos baroque
Logroño, la collecte des “selos”
Après 4 jours de marche, j’allège mon sac et laisse dans l’auberge de Logroño ma première paire de chaussures. C’est la première couche dont je me sépare. Il en suivra d’autres : à Belorado, j’envoie à la maison un paquet contenant des objets jugés superflus. Même si ce n’est que 1,4 kg, c’est toujours ça de moins à porter. À Carrión de los Condes, je laisse ma deuxième paire de chaussures qui me font mal et en achète une autre. Une pointure de 48 bien que ma taille habituelle est de 45.
La Grajera, le parc à la sortie de Logroño, un havre de paix où la lumière se mélange aux chants des oiseaux, des écureuils qui jouent à cache-cache sur les troncs d’arbres
Les vignes de Rioja avec des sommets enneigés du Parque Natural Sierra de Cebollera
Un “vigne”, refuge circulaire en pierre traditionnelle de La Rioja à l’approche de Nájera
Le chemin entre Nájera et Azofra
Laisser mes pieds se reposer un court instant avant de reprendre le chemin…..
Les vestiges d’une route romaine, Alto de San Antón près de Ventosa
Une croix de justice à la sortie d’Azofra
J’arrive à Azofra et aucun logement n’est disponible. Je rencontre une Suissesse Laila de Zurich qui est dans la même situation. Derrière la porte d’une ension sur la place du village, j’entends des voix en anglais. Étant persuadé qu’il s’agisse d’une discussion à la réception, je frappe sur la porte. Après un moment, on nous ouvre. C’est un groupe de plusieurs nationalités qui discute autour d’une table. Ce sont des chambres à louer. Il y a une chambre avec trois lits, occupée par un Coréen. Il est d’accord de nous héberger. On va acheter de quoi manger dans un petit commerce et, en revenant, on trouve un Lituanien devant la porte, dans la même situation que nous auparavant. On le prend dans la chambre et Laila dormira sur un canapé dans le hall. C’est aussi ça le Camino et la solidarité des pèlerins.
À l’approche de Cirueña, je passe dans un lotissement de Rioja Alta Golf; sa construction en 2013, en pleine trace historique du Camino de Santiago, a été une autre grave agression contre la route jacobéenne millénaire, déclarée patrimoine mondial en 1993. Il y a beaucoup de maisons et d’appartements vides, à vendre. Tout ce ressort donne l’impression d’un village sinistré, abandonné au milieu des champs.
Les pleines céréalières près de Santo Domingo de la Calzada
Un regard en arrière vers la Rioja, avec le village de Grañon au fond
Près de Grañon, je quitte La Rioja pour entrer dans la communauté de Castilla y León
Pour accéder au village de Redecilla del Camino, je dois contourner le segment en construction de l’autoroute. Les machines de chantier soulèvent des tas de poussière dans cette plaine sans arbres.
L’art de peinture murale à Belorado
Villafranca Montes de Oca
À travers les Montes de Oca (sous la pluie). Magnifique traversée, d'environ trois heures (12 km), à travers les Montes de Oca, très redoutés au Moyen Âge en raison de la présence de malfaiteurs. J’entends pour la première fois un coucou, grâce à la présence d’une forêt.
Le chemin dans les Montes de Oca
Agés, l’auberge Le Alquimista
Les oies gardiennes à l'entrée sud de Burgos
Burgos, la cathédrale. L’entrée est payante, seules deux chapelles sont d’accès libre. C’est le monde d’aujourd’hui, mais je ne le trouve pas tellement dans l’esprit du pèlerinage.
Hontanas, un village de fontaines
Hontanas, un village de fontaines
Je quitte la pension de Hontanas à l’aube, le soleil n’a pas encore dépassé l’horizon. Personne aux alentours. Le jour naissant est splendide dans un paysage de rêve. Une très belle lumière dessine les contours des collines environnantes. Les oiseaux chantent doucement. Pour la deuxième fois, j’entends un coucou et, pour se rattraper, plusieurs s’y mettent. Un vrai concert des coucous. Tout est paisible.
Je passe sous une perche de ce qui était jadis un monastère de San Antón. Au loin, le village Castrojeriz.Castrojeriz avec les ruines de son château templier. Même si c’est un dimanche, toutes les églises sont fermées. Je quitte ce village et entame une montée raide pour atteindre le plateau: Meseta de Mostelares.. Au sommet, une plaine splendide, colorée par la verdure printanière des champs de blé, s’ouvre devant moi. Une magnifique vue.
A la sortie de Hontanas, les ruines de l'ermitage de San Vicente
Couvent de San Antón avant Castrojeriz
La route traverse le couvent de San Antón
Le jour se lève au-dessus de Hontanas
Couvent de San Antón avant Castrojeriz
La ruine du château templier de Castrojeriz
Les plateaux "Meseta" autour de Castrojeriz
La Meseta de Mostelares à perte de vue
Le plateau direction Boadilla des Camino
Boadilla des Camino, rollo gothique devant lequel on rendait justice
Le pont à Itero del Castillo
Plusieurs nids de cygognes sur le toit de l'église à Boadilla des Camino
Le long du canal de Castilla entre Boadilla del Camino et Frómista
Comme d’habitude, je pars avant la levée du jour. Depuis Boadilla des Camino, je rejoins rapidement le canal de Castilla. La brume se dégage le long de son lit et passe par-dessus des roseaux sur le chemin. Le soleil commence à colorier cette scène paisible. Juste avant Frómista, le canal débouche sur une écluse. C’était la plus belle partie de la journée, la suite du chemin passe le long des routes goudronnées.
Où est passé le pèlerin ?
Le chemin à plat, le long de la route sur le plateau entre Frómista et Villalcázar de Sirga
Carrión de los Condes, l'église de Santa María
L'écluse sur la canal de Castilla à l'entrée de Frómista
Villalcázar de Sirga, une invitation à passer à table
Carrión de los Condes, l'église de Santa María
Carrión de los Condes, l'église de Santa María
En partant de Carrión de los Condes, j’entame la plus longue partie du Camino (12 km) sans ravitaillement, sans villages, sans ombre et passant le long des routes, à plat. Aujourd’hui’hui, il fait beau et chaud, mais nous sommes au début du mois d’avril. Qu’est-ce que ça doit être en août? Le premier village Calzadilla de la Cueza, sorti soudain d’une cuvette, est le bienvenu, comme son bar.
C’est aussi un test pour mes nouvelles chaussures. Comme les semelles des anciennes commençaient à se décoller, je les ai remplacées par une nouvelle paire. Pour l’instant, elles vont bien.
Le chemin tout rectiligne entre Carrión de los Condes et Calzadilla de la Cueza - 12 km sans ombre et le long de la route
L'ermitage de la Virgen del Puente avec son pont, avant Sahagún
Alphonse VI, surnommé « le Brave » (el Bravo), né avant juin 1040, mort le 1er juillet 1109 à Tolède, roi de León (1065-1109), roi de Castille (1072-1109). Alphonse se lance dans la reconquête de l’Espagne musulmane (ou Reconquista), divisée depuis l’effondrement du califat de Cordoue en principautés indépendantes.
Sahagún, le centre du Camino Francés
Le pont de la Virgen del Puente sur le río Valderaduey, le chemin avant Sahagún
Deux colonnes à l'ermitage de la Virgen del Puente
Bernard de Sédirac, né entre 1040 et 1050 environ et mort le 25 avril 1125 ou le 3 avril 1128 à Tolède, est un ecclésiastique, d'abord moine clunisien, abbé du monastère de Sahagún (royaume de Léon), puis premier archevêque de Tolède après la reconquête de la ville par les chrétiens en 1085.
A remarquer son livre "Ora et Labora"
Sahagún, le centre du Camino Francés
León est une grande ville. Pour y entrer, je passe par des zones industrielles qui me semblent interminables. J’aurais d’ailleurs le même ressenti le lendemain, en le quittant. J’ai rallongé mon parcours du jour, en me disant que je trouverai un endroit plus sympathique pour dormir. Mais ceci m’a mené jusqu’au centre de León. À l’auberge San Francisco, il y a des groupes d'Espagnols qui commencent leur Camino ici. Je m’achète des fruits pour mes repas du soir et du matin.