Le bateau ivre surfant sur une mer sombre, déchaînée,
les marins pourtant habitués à être ainsi malmenés,
ils cherchent le passage entre les vagues tourbillonnantes,
pour tenir le cap de leur navire dans une mer dissonante.
Une fois sur la terre ferme et marchant d’un pas incertain,
l’homme retrouve son pays souvent rêvé, aperçu au loin,
parfois il s’arrête face à un chemin ravagé et boueux,
ses pieds cherchant un support solide, dur et rocailleux.
Et si la boue se transforme en chenal large et ruisselant,
il ôte ses bottes mouillées avançant d’un pas chancelant,
malgré des épreuves rudes arrivant de gauche et de droite,
il tient sa tête haute, son regard fixant une voie étroite.
Le paysage change, il entre dans une forêt sombre, profonde,
la pluie commence, le tonnerre, les bêtes sauvages grondent,
mais, soudainement, sur une clairière au milieu des bois,
surgit un cercle autour d’un feu, des hommes bien droits.
Il les approche, leurs regards le fixent et le cercle s’ouvre:
“Viens t’asseoir avec nous et raconte d’où viens-tu, vieux bougre,
approche et chauffe tes mains face aux flammes sans peur,
et laisse entrer la lumière et la chaleur dans ton joyeux cœur”.
“Ici, point de caverne de Platon, humide, profonde et sombre,
tu peux sentir, écouter et regarder la vie entière sans ombre,
être toi-même face aux agitations du monde et te tenir droit,
c’est ainsi la vraie vie, pas besoin de grands exploits”.
Les cristaux de givre craquent sous les pas du promeneur,
Transperçant le silence dont la forêt reste gardienne,
Le Ciel redescendu vers la Terre lui impose sa torpeur,
La nuit va bientôt les recouvrir de sa robe noire, terne.
Ce jour de solstice où c’est la nuit qui est la vraie reine,
Une lumière jaillit entre les arbres dans cette heure,
C’est elle qui dévoile les visages avec un peu de peine,
Et pénètre bien bas tout au fond de nos cœurs.
Un matin, en sortant encore endormi de ma douche,
j’ai aperçu par la fenêtre une grenouille à grande bouche!
Vous n’allez pas le croire, ce n’est pas une histoire louche,
je l’ai vue chasser des moustiques et des mouches.
Je suis sorti et la grenouille à grande bouche
m’apostropha rapidement: « Je ne veux pas qu’on me touche! »
En passant par là, quelle drôle de grenouille, se dit le chat Minouche.
29.5.2015