Il y a plusieurs manières de faire un chemin dans la vie. Au juste, qu’est-ce qu’un chemin? Le passage dans ce monde ou au moins une partie de celui-ci? Une manière de concevoir notre façon d’être? Ou bien, tout simplement d’aller à la rencontre de ce qui nous appelle? Il y a certainement un peu de tout ceci. La vie entière est un chemin.
Parcourir des centaines de kilomètres par tout temps, avoir mal aux pieds, sentir la lourdeur du sac qu’on porte fait vivre et ressortir bien des émotions. On se sent parfois au bout, mais au fond de nous, il y a cette force inébranlable de nous relever, de s’appuyer sur le bâton et de poursuivre la marche. En réalité, même s’il marche seul, le pèlerin n’est pas seul. Il y a toute une camaraderie qui s’installe sur le Camino et qui nous aide lorsqu’on en a besoin. Ainsi, on peut vivre des moments surprenants et lier des amitiés qui, dans la plupart des cas, ne survivent pas à la fin du Camino, mais rendent les jours sur le chemin agréables..
Au fil du temps, le sac à dos devient plus lourd et l’on a envie d’abandonner certaines choses. Les pieds font mal, on profite des pauses pour enlever les chaussures et se reposer. Sans vraiment s’en rendre compte, lorsqu’on laisse des choses, lorsqu’on se vide de certaines émotions, on fait de la place pour se remplir de quelque chose de nouveau qui nous aide à avancer, voire nous faire grandir.
Et le jour arrive, lorsque le pèlerin se trouve face à la cathédrale à Santiago de Compostela, prêt à franchir la porte et arriver au cœur de cet édifice. Les escaliers devant cette cathédrale ont été frôlés par tous ceux qui nous ont précédés. C’est comme si chaque pas devant cette porte contenait des milliers de pas parcourus depuis le début du pèlerinage. Contempler ce moment lorsqu’on entre dans cette cathédrale sous une fanfare qui résonne uniquement pour nous. Tout est grand, tout est lumineux. La cathédrale, avec sa forme et sa lumière intérieure, favorise le bien-être et amplifie les énergies bienveillantes.
Il arrive le moment de déposer ce que nous avons porté le long du Camino. Les quêtes, les prières. Pour moi, c’était un moment unique dans la vie. La première fois face à Saint-Jacques, un ressenti de cœur léger, joyeux. Un vécu de bonheur à la bonne heure. Cependant, le bonheur ne se résume pas à la seule destination. C’est tout le chemin, tout le Camino avec les rencontres, les paysages et la force des lieux traversés qui restent imprégnés dans mon cœur. Après avoir traversé la porte de la cathédrale puis être arrivé jusqu’à Fisterra, le livre se ferme, mais son contenu reste et je peux l’ouvrir à chaque instant.
Voir aussi tout le récit du Camino en 2025
et le court-métrage Camino 2025 - accomplissement