En escarpant les flancs de la montagne de Céüse à la rencontre des arbres, une harmonie s’est emparée de mon corps. Entrer en dialogue avec ces géants, ressentir les vibrations qui les traversent et pouvoir échanger nos énergies réciproques était une belle expérience. 

Et même ceux qui n’ont pas résisté aux bourrasques du vent et se sont brisés ont leur place parmi leurs congénères

* * *

Mes pas se suivent dans une herbe haute,

le soleil du matin a ouvert le rideau des nuages,

et les sauterelles de gauche et de droit sautent,

mettant de la vie joyeuse sur ce vaste pâturage.


À l’aube, personne ne croise encore mon chemin,

les arbres majestueux s’élancent dans la brume,

ils sont là, témoins à travers les saisons, sereins,

debout, face au froid et vents, sans crainte aucune.


Cette écorce épaisse, sèche et ridée sous ma main, 

pour dire un bonjour au promeneur de ce matin,

raconte sa longue et riche histoire, tel un parchemin,

et je l’écoute, entrant en dialogue avec ce vieux sapin.


Il m’invite à m’approcher encore davantage de lui,

j’écarte mes bras pour embrasser sa large courbure,

le front posé sur son écorce, une chose se produit,

j’entends sous son manteau un léger murmure.


Ainsi nous restons immobiles, collés l’un contre l’autre,

seules nos vibrations se ressentent et se croisent,

des paroles indicibles sous l’étreinte qui est la nôtre,

permettant d’échanger nos énergies dans une extase.


Ses longues branches s’agitent sous une légère brise,

comme de nombreux bras qui savent si bien enlacer,

et je te dis merci, cher arbre, ta présence me sécurise,

mon majestueux sapin qui sait, à sa manière, embrasser.